Centre d'Incendie et de Secours
Texte et Dessins
Images
Lieu | Anzin |
Maître d’ouvrage | SDIS du Nord |
Surface | 3.838 m2 |
Budget | 7.700.000 € |
Programme | Centre d'Incendie et de Secours |
Équipe | Celnikier & Grabli Architectes |
Le besoin
Le lancement du concours par le SDIS du Nord a été motivé par la vétusté et l’exiguïté des installations existantes pour les pompiers ; le projet s’inscrivait dans une importante campagne de remise à niveau des installations du département, pour doter les équipes d’intervention des moyens nécessaires à la réalisation de leurs missions de secours.
Un CIS est la réunion de fonctions variées et souvent antagonistes. A la fois garage, lieu d’apprentissage et d’entraînement sportif et technique, lieu d’hébergement des pompiers en astreinte, des fonctions aux besoins et aux dimensions très disparates.
Et avant tout, c’est une machine à partir rapidement en intervention ; le nombre de secondes requises – moins de 120 - pour que le camion s’élance sur la voie publique est un enjeu majeur.
Le contexte
Anzin jouxte Valenciennes, à l’est de Lille. Le site mis à disposition pour réaliser le projet s’inscrit dans un quartier caractéristique des villes ouvrières du Nord. Tissu urbain peu dense, maisons en bande d’un étage à dominante de brique rouge et brune, l’horizon dégagé à l’ouest laisse encore deviner la présence d’un terril, nommé la Bleuse Borne.
L’arrivée d’un tel équipement soulève d’emblée la question de l’échelle et de l’intégration. C’est une des questions qui nous a taraudés après avoir découvert le quartier.
Intentions et solutions
Le plan
La conception repose sur le difficile équilibre entre la rapidité d’intervention – et donc la proximité de toutes les fonctions avec la remise qui abrite les véhicules – et une certaine « mise à distance psychologique » afin que les pompiers puissent se ressourcer entre deux interventions.
Un patio rectangulaire articule l’ensemble des fonctions, un patio suffisamment petit pour ne pas générer de grandes distances, et suffisamment présent pour apporter une forme d’apaisement.
Chaque famille de fonctions occupe un côté du patio. Les zones paisibles (hébergement, vie sociale) sont éloignées des zones bruyantes (vestiaire, remise et cour de manœuvre), et occupent le long côté. La zone administration et commandement, et la zone sport, font le lien de chaque petit côté du patio.
La remise des véhicules est un grand volume dont les portes sont ouvertes et fermées tout au long de la journée. Les véhicules les plus sollicités (80% des interventions) sont les ambulances. Aussi, afin de ne pas refroidir l’ensemble de la remise, ils disposent d’un accès, d’une sortie et d’un emplacement encapsulé dans la remise.
Les hébergements sont à l’étage, aussi un escalier qui avance en descendant traverse le patio via une galerie qui mène aux vestiaires qui fonctionnent en filtre entre circulation et remise.
La lumière naturelle, source de réconfort.
Les missions des pompiers sont anxiogènes, nombre d’interventions concernent les accidents de la route, et leur cortège de drames humains.
Il revient au bâtiment de prodiguer des atmosphères claires et calmes. Et la lumière naturelle, précieuse dans le nord de la France, baigne l’ensemble des espaces pratiqués comme des circulations, alors que les vues sur l’extérieur offrent des échappées visuelles inattendues pour un bâtiment si épais.
Le secteur de vie sociale donne directement sur le patio central qui offre ainsi, au cœur du bâtiment, un carré de ciel et de soleil les bons jours. Il devient un espace de détente et de convivialité pour les équipes d’intervention.
Quant au cœur opérationnel de l’édifice, la remise, il mérite un traitement dont la qualité d’ambiance se doit de refléter son importance dans la vie du CIS. Doté d’un éclairage naturel zénithal constitué de sheds orientés au sud, la remise bénéficie de la lumière directe en hiver, apportant de la chaleur, et d’une lumière abondante l’été, sans souffrir des apports caloriques grâce à l’élancement de la toiture des sheds pour porter ombre.
Un dispositif muséal plutôt que technique, qui répond à ce que nous avons pu comprendre de l’importance concrète mais aussi symbolique de la remise, dans laquelle ce déroulent également des cérémonies qui émaillent la vie des sapeurs-pompiers. Et c’est aussi pour cette attention que le projet – notre premier concours – a su emporter l’adhésion du jury.
La maison des pompiers
L’architecture du bâtiment intègre la disparité des fonctions dans une volumétrie et une colorimétrie unitaires. Comme une grande maison, une institution de quartier, où la grande remise comme les petites chambres, la salle de sport et les bureaux ne font plus qu’un. Le parallélépipède est simplement travaillé pour marquer l’entrée des personnes, distincte de la sortie des véhicules, dans un entrelacs de lignes et de volumes simples, blancs lorsqu’ils sont soulevés, gris alors qu’ils posent au sol. Et, de loin en venant de l’est, les sheds marquent le rapport au ciel de quatre lames inclinées.