Campus d’Innovation Mines Paris
Texte et Dessins
Images
Lieu | Versailles Satory |
Maître d’ouvrage | Département des Yvelines |
Surface | 23.300 m2 |
Budget | 52.500.000 € |
Programme | Laboratoires, microscopie, chimie, mécanique, chambres climatiques grand volume, bibliothèque, amphithéâtre, restauration |
Équipe | GCC, mandataire Celnikier et Grabli Architectes, architectes Betom Ing, BET structures BG Ing, BET fluides AE75, économie MCPaysages, paysage |
Le besoin
L’ambition du Département des Yvelines, au travers de ce projet, est de doter le territoire d’un campus d’innovation de rang mondial sur des problématiques qui sont au cœur des activités innovantes des industriels yvelinois. Ce campus, par la réunion de trois centres de recherche et la mutualisation des équipements scientifiques qu’elle suppose, a vocation à favoriser le partenariat de recherche public-privé dans les Yvelines.
Ces trois centres consacrent leur recherche, respectivement, aux matériaux innovants, à l’efficacité énergétique des systèmes et au développement des systèmes de transport intelligents selon le concept LaRA (La Route Automatisée).
La réunion de trois centres qui ont chacun leur histoire n’est pas un simple projet immobilier, elle revêt également un enjeu de vie collective pour des équipes qui vont partager leur lieu d’activité professionnelle. L’ambition performancielle se double d’une ambition collective, celle de bâtir une nouvelle communauté scientifique. Les activités scientifiques se singularisent par leur grande variété et leur forte sensibilité ; le campus combine des équipements qui ne tolèrent pas les vibrations ou les champs électromagnétiques, quand d’autres sont de forts émetteurs de telles nuisances. Scientifiquement complémentaires, ces équipements sont également – parfois – physiquement antinomiques.
Le contexte
Le site occupe l’extrémité ouest du plateau, inscrit dans la ZAC de Satory, vaste projet urbain et paysager qui va métamorphoser un territoire encore occupé de grandes infrastructures militaires, pour s’ouvrir à un parc, des plans d’eau, et de nombreuses constructions de logements et d’équipements.
C’est un site en devenir, dont le projet est une première pierre.
Intentions et solutions
Si chaque projet architectural est la rencontre d’un site et d’un programme, c’est particulièrement vrai dans le cas présent. Le site, actuel et surtout en devenir, et le programme aux fortes particularités techniques, scientifiques et fonctionnelles.
Premier constat, les laboratoires accueillent des équipements souvent très lourds, parfois adossés à des utilités également exigeantes, mais aussi des équipements sensibles comme la microscopie à transmission ou à balayage (sensibles aux vibrations et/ou aux champs électromagnétiques), comme des activités émettrices de nuisances de même nature. A cela s’ajoutent des halles nécessitant des accès directs sur l’extérieur logistique, que ce soit pour des livraisons d’équipements et matériels, ou pour l’introduction de véhicules.
Le total des activités nécessitant de reposer sur un sol de référence, de plain-pied, en contiguïté des voiries logistiques pour des questions d’accès, de surcharge d’exploitation, ou de maîtrise vibratoire représente près de la moitié de la totalité de l’opération. Ce constat est stratégique, et fonde la proposition : les laboratoires sont tous posés au sol, aucun n’est en étage.
La clarté de l’organisation est la condition d’appropriation. Elle commence dès la lecture du plan.
Comment assurer un accès contrôlé à chaque entité, tout en assurant des espaces communs ouverts et fluides ? Par la rue intérieure et les boucles. La conception propose une organisation parfaitement hiérarchisée, entre les espaces d’accueil, les espaces collectifs et spécifiques de desserte, à l’image d’une arborescence logique.
Depuis le hall, il est possible de voir, par l’intérieur, l’extrémité sud de la rue intérieure. Ainsi, la dimension du bâtiment de recherche est perceptible, de l’intérieur, comme de l’extérieur depuis le parvis.
La vision des dimensions du site est une aide à son appropriation, une condition pour se repérer. La simplicité à laquelle le projet aboutit renforce l’appropriation. La stratégie technique repose sur le même principe de clarté. Un niveau dédié aux fonctions de production et de traitement, au second niveau, qui accompagne sur tout son long le bâtiment de recherche, à l’instar de la rue intérieure. La crête technique ainsi constituée est facilement exploitable, évolutive, et permet l’implantation des équipements de traitement de chaque entité au plus près des besoins, sans pâtir d’un éclatement en une multitude de locaux techniques.
Si la recherche occupe l’essentiel du site, la façade d’entrée est habitée par des fonctions publiques à l‘est et tertiaires à l’ouest. Un pôle de formation, composé d’une bibliothèque, d’un amphithéâtre, de salles de formation et d’une cafétéria se déploie sous l’auvent unificateur.
La figure de l’entrée est à la fois simple dans son appréhension et généreuse dans ses dimensions. L’auvent à une quinzaine de mètres de haut couvre un parvis d’accueil, en balcon sur le premier patio. Il cadre aussi le ciel, et les arbres au sud qui annoncent le coteau plongeant vers la vallée de la Bièvre, une frondaison caractéristique de la limite sud du plateau de Satory.
Le bâtiment restitue cet événement de paysage, véritable repère géographique, pour le sanctuariser. La grosse masse des laboratoires s’en trouve estompée, au profit d’une sensation de légèreté et de lumière.