Insectarium – Extension de l'IBMC
Texte et Dessins
Images
Lieu | Strasbourg |
Maître d’ouvrage | Université de Strasbourg |
Surface | 1.500 m2 |
Budget | 5.300.000 € |
Programme | Chambres climatiques, laboratoires et insectarium niveaux 2 et 3, animalerie EOPS |
Équipe | Celnikier & Grabli Architectes |
Le besoin
L’Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire (IBMC) est une fédération de recherche qui héberge plus de 230 scientifiques (chercheurs, doctorants, personnel technique) - dont Jules Hoffmann, prix Nobel 2011 de médecine et de physiologie - au sein de trois unités propres du CNRS.
Un tel regroupement d’unités de recherche favorise les interactions entre scientifiques d’origine et de formation différentes et permet l’émergence de nouveaux programmes de recherche faisant appel à des compétences croisées.
L'extension de l'IBMC, d'une superficie de 1500 m²,
est un insectarium dédié à l’étude et à la compréhension des maladies transmises par le moustique, comme le paludisme, la dengue ou le virus Zika. À l'échelle mondiale, ces maladies provoquent 750.000 décès par an.
Ce nouvel insectarium, le troisième d'Europe, répond donc à un enjeu de santé publique et son objectif fondamental est de permettre aux scientifiques de pouvoir travailler sur le modèle parasite humain, le Plasmodium falciparumi.
Avec cet équipement, regroupant notamment une animalerie EOPS, des laboratoires de confinement de niveaux 2 et 3, et des chambres climatiques capables de reproduire les conditions nécessaires à l’élevage des moustiques, l’Université de Strasbourg se dote d’une infrastructure moderne et biosécurisée, qui se situe parmi les plus hauts standards de la recherche internationale.
Le contexte
L’extension s’adosse au bâtiment existant de l’IBMC datant du début des années 70, en plein cœur du campus central de l’Université de Strasbourg, dit Campus de l’Esplanade. Un « bâtiment – repère » connu de toute la communauté universitaire ; cubique, aux façades grises rigoureusement tramées, il est envahi d’une vigne vierge qui le métamorphose au gré des saisons, passant du vert profond au rouge étincelant.
Son entrée historique, au Sud, donne sur un hall traversant jusqu’à la façade Nord du côté logistique, là justement où s’implante l’extension. Le Campus – à l’époque du concours – était lui-même en pleine mutation, avec l’Insectarium en son centre.
Pour résumer, la problématique est ici d’étendre un bâtiment existant par l’arrière, qui devient l’entrée principale tout en conservant la fonction logistique, par la création d’un insectarium de haute technologie, composé pour l’essentiel de laboratoires et chambres climatiques à atmosphère contrôlée et sans fenêtres, au cœur du Campus. Autant dire que la solution n’était pas acquise.
Intentions et solutions
La conception des espaces scientifiques, avec notre partenaire Thierry Morand, était la condition de réussite. Leur définition, puis leur mise au point ont donné notamment leur volume – pas nécessairement leur volumétrie. Les espaces à atmosphère contrôlée sont intégralement surplombés d’un espace technique, selon le principe de la boîte dans la boîte, ou de la double enveloppe.
La maîtrise de ces espaces scientifiques est une condition nécessaire, mais pas suffisante à « faire projet ». Une fois le domaine scientifique sous contrôle, il devient possible de concevoir la proposition architecturale et urbaine. Ici, une partie du projet se glisse littéralement sous le niveau du hall avant de s’élever, pour constituer un parvis, le nouveau parvis d’entrée sur la façade Nord. Un parvis qui s’inscrit aussi dans les parcours du campus, utilisable par tout le monde pour aller d’un point à un autre, un raccourci, une oblique dans la logique des cheminements piétons sinueux du nouvel urbanisme du campus.
La cour logistique partage la même façade que le parvis d’entrée, mais en contrebas ; un garde-corps épais, sculptural, en acier corten, accentue encore la mise à distance de la cour, pour se faire oublier depuis le parvis.
Le volume de l'extension est composé comme une déclinaison du bâtiment de l'IBMC, conçu par l'architecte Pierre Vivien dans les années 70. Il s'inspire de sa rigueur, de son rythme, afin d'établir une analogie claire et identifiable. Le pas initial, c’est-à-dire la distance entre deux baies de l'IBMC, sert de mètre étalon dans le dessin de la façade du nouvel équipement.
Le béton gris prolonge l’analogie, alors que l’acier corten ponctue, souligne, masque les équipements techniques, habille la nouvelle entrée et dialogue avec la vigne vierge ; en couleur complémentaire au printemps, en camaïeux à l’automne. L’intégration de l’Insectarium repose sur la double référence, architecturale et végétale, de son hôte singulier.