Institut de recherche sur le climat et l'environnement
Texte et Dessins
Images
Lieu | Saint-Aubin |
Maître d’ouvrage | CEA |
Surface | 9.675 m2 |
Budget | 23.000.000 € |
Programme | Salles blanches, spectométrie, chambre amagnétique, bunker de mesure de très faible radioactivité, laboratoires, bureaux. |
Équipe | Celnikier et Grabli Architectes Demathieu Bard Construction, mandataire OTE engineering, BET Ceris, BET Otelio, BET |
Le besoin
Le projet Infrastructures pour le Climat et l’Environnement (ICE) a pour objet de doter le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE) d’infrastructures adaptées à ses activités, notamment en regroupant les équipes, aujourd’hui installées sur deux sites, à l’Orme des Merisiers (CEA) et à Gif-sur-Yvette (CNRS).
Le projet ICE présente une singularité d’une actualité brûlante. Non seulement il s’agit d’un bâtiment scientifique de haute tenue, mais dont l’objet est la connaissance et la modélisation du climat, passé et à venir, connaissance nécessaire pour espérer infléchir les désordres introduits par la civilisation industrielle. Le bâtiment ICE réunit des équipes provenant du CEA, du CNRS et de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines au travers du LSCE. Chacune des équipes détient un savoir-faire de grande valeur, que le nouveau bâtiment doit perpétuer et – si possible – accroître grâce à la fonctionnalité des lieux et à la performance des espaces et des équipements qui y seront accueillis. La réunion des équipes en un même lieu est une chance. Elle prend son sens grâce à la transversalité qui en découle : entre l’expérimentation et la modélisation d’une part, entre les différents thèmes de recherche d’autre part.
Elles sont fédérées autour de moyens communs, et d’espaces de rencontre et d’échange aptes à porter l’émulation des esprits et des personnes. Mais si la transversalité est un objectif, il n’en reste pas moins que chaque équipe doit bénéficier des meilleures conditions, en accord avec ses spécificités. Si les résultats scientifiques doivent être partagés, il faut préalablement qu’ils soient effectifs. La réussite de chaque partie conditionne donc la réussite du tout. Le programme se caractérisait par des besoins de performances de toutes natures, allant d’un laboratoire de mesure de faible radioactivité à une chambre « amagnétique », en passant par des salles blanches et autres espaces confinés.
La profusion de gaz spéciaux, nécessaires aux manipulations, venait renforcer le niveau d’exigence.
Le contexte
Le site du Moulon, appartenant au CEA, s’inscrit dans
le grand plateau de Saclay. Il en constitue l’entrée ouest,
et revêt de ce fait une certaine importance urbaine. Un programme paysager et urbain établi par les aménageurs du cluster scientifique venait compléter le programme fonctionnel du CEA, pas nécessairement en coordination. Avec notamment la demande d’une entrée urbaine au nord, alors que le nouveau bâtiment devait dialoguer fonctionnellement avec les équipes situées au sud du site. Cela a induit la thématique d’un bâtiment doté de deux entrées, fait inhabituel pour ce type d’établissement. Enfin, le projet devait pouvoir être étendu ultérieurement, sur la partie est du site.
Intentions et solutions
Le nouvel édifice requiert deux accès de nature différente. Au Nord, un accès que l’on peut qualifier d’urbain. Visible depuis l’entrée principale du site, il constitue l’adresse sur parvis. Il sera préférentiellement utilisé par les piétons et les cyclistes, bénéficiant de la proximité du TCSP (transport collectif en site propre) et des abris deux roues. Au Sud, un accès fonctionnel pour les déplacements quotidiens des chercheurs entre ICE1 et ICE2, servant également d’accès à la cour logistique, complétée d’un accès à l’Est. Le passage intérieur de l’un à l’autre ne devant pas perturber l’activité des équipes, les moyens communs devant être mutualisés, les deux se conjuguent et constituent à rez-de-chaussée une véritable colonne vertébrale commune, faite de circulation générale et de fonctions partagées. Les patios qui ponctuent cet axe Nord-Sud offrent une multiplicité de liens et de parcours, multiplicité qui répond à la multiplicité des demandes.
Grâce au bouclage des circulations, le cheminement d’un point à un autre bénéficie toujours d’au moins deux possibilités. Les patios donnent également des conditions de vie et d’usage de qualité ; lumière et végétation sont perceptibles depuis la circulation principale, les bureaux et une partie des laboratoires. Le patio sud, dont le sol est à l’altitude du sous-sol, permet aux occupants de conserver une relation avec le ciel et les autres niveaux.
L’architecture est faite de volumes et de composition des façades. Les volumes viennent de l’assemblage savant des activités, quand les façades expriment leur particularité. Ici, la moitié des surfaces est occupée par des activités expérimentales (laboratoires) quand l’autre est dédiée à la modélisation du climat (bureaux). Les deux typologies de façades se répartissent entre les angles sud-ouest pour les laboratoires, et nord-est pour les bureaux.
L’enjeu environnemental
Performance d’enveloppe, inertie et récupération constituent la base des dispositions adoptées, les plus évidentes. Mais une réflexion scientifique sur le climat saura comprendre que l’efficacité énergétique est multifactorielle, qu’elle n’a de sens que considérée en termes de bilan global, sur une durée de vie et d’exploitation significative. C’est là que les qualités typologique et fonctionnelle entrent en jeu. Un établissement scientifique évident à exploiter sera énergétiquement sobre. Qu’il s’agisse de l’accès aux locaux et organes techniques, ou de la réalité de l’évolutivité de l’édifice, tant techniquement que spatialement, tout ce qui concourt à la facilité d’exploitation se traduira par une minoration du temps
et de l’énergie mobilisés. C’est donc finalement la pertinence de la réponse scientifique, fonctionnelle, technique et architecturale, constituant un tout, qui fait d’ICE un bâtiment performant, simple et simplement évolutif, pour être énergétiquement responsable.